Valentin's history-un joyeux bazar

Comme tous les soirs de Noël, les rues étaient désertes : les gens se remettaient gentiment, en famille, de leur réveillon gargantuesque, peut-être même regardaient-ils un chant de Noël entourés de leur marmaille…loin du chaos de ce monde.
Gabrielle, unique jeune femme à marcher dans la rue, retint une moue dégoûtée : elle avait arrêté de croire en Noël depuis bien longtemps, et l’enfant qu’elle tenait dans ses bras renforçait ce sentiment…si Dieu et Son fils existaient vraiment, ils auraient empêché tout ça.
Bientôt, elle s’arrêta devant une porte en bois massif, et fit glisser l’enfant contre sa hanche.
Pourvu que je fasse le bon choix, songea-t-elle en appuyant longuement sur la sonnette qui émit un doux carillon…il n’y avait plus de recul possible, à présent que la porte s’était ouverte sur une femme à l’allure austère qui lui jeta à peine un regard.
Soudain, un bang retentissant les détourna toutes les deux vers un éclat vif de lumière.
-Qu’est-ce que… ?murmura Gabrielle en se protégeant les yeux de sa main libre tandis que le halo laissait place à un homme.
Un très bel homme, soit dit en passant, avec une peau marmoréenne et des cheveux d’un blond très pale, presque blanc…seule l’expression de rage que gardait son visage laissait à croire qu’il avait un quelconque rapport avec cette histoire.
-C’est ma fille !rugit-il en se précipitant vers les deux femmes, mais il fut vite stoppé par une barrière invisible contre laquelle il s’écrasa lourdement, et, pendant un instant, la jeune femme au bébé eut envie de rire, sauf que la fureur dont faisait preuve le père la terrifia.
-Je m’en occupe, la rassura la femme avant de partir d’un bon pas vers l’homme, un long poignard effilé à la main.
Le combat qui s’ensuivit fut long et sûrement difficile, mais une chose était certaine : la femme fut la gagnante incontestée, et l’homme était ce qu’on pouvait appeler mort…en tout cas, il disparut en poussière aussi vite qu’il était arrivé.
-Une chose de réglée, passons à la fillette !s’exclama la plus âgée en faisant un geste sans équivoque en direction du bébé, mais celle qui le portait hésitait :
-Saurez-vous prendre soins d’elle ?
-C’est mon devoir !
-Il faudra qu’elle ne trouve jamais les autres, est-ce clair ?
-Ça coule de source !
Ainsi donc, ça allait se finir comme ceci, comme une simple affaire conclue d’une franche poignée de main ?!
-Cette enfant est précieuse, la protéger ne suffit pas : il faudra aussi l’aimer comme votre propre fille, souffla une dernière fois la jeune femme avant de tendre la petite à son interlocutrice. Pendant un instant, elle fit mine de partir, avant de se retourner, une dernière fois : « Elle s’appelle Alexis, j’ai pensé que ce serait plus simple de la cacher s’ils pensent qu’elle est un garçon… »

Assise devant le miroir de ma coiffeuse, j’observais avec minutie mon reflet, inclinant mon visage pour m’examiner sous toutes les coutures. Ce que j’y voyais était sans aucun doute beau, voir harmonieux, mais ça ne me plaisait pas.
Un nez fin et droit, des cheveux lisses hésitants entre le roux et le brun, et des yeux ni bleus ni gris. Il s’agissait du parfait mélange de la famille Black et Rosier.
J’étais née pour être la cadette, la sœur du milieu. Ni franchement belle, ni totalement laide, je me situais dans une moyenne confortable…alliant la froideur des Black à la douceur des Rosier.
Malheureusement, lorsqu’on me voyait, on pensait plus directement à Bellatrix, ma sœur au cœur de pierre. Même les années et la folie n’avaient pas pu estomper notre ressemblance…au grand damne de ma mère qui rêvait d’enfants blonds et gracieux, comme elle.
Des enfants plus propres au mariage, au tissage de liens pour la préservation de notre merveilleuse pureté.
-Andy ! Ils arrivent, dépêche-toi !
Ma plus jeune sœur, Narcissa, venait de débouler comme un éclair dans ma chambre, sans prendre la peine de s’annoncer ou même de me demander si j’étais décente. Comme à chacune des visites de notre oncle et de notre tante, elle était surexcitée, s’imaginant sans doute que sa chère marraine serait venue avec un quelconque présent pour elle.