J'arriiiiive !
Il se trouve que nous sommes pile poil le jour de la clôture du sujet alors plutôt que de passer à côté, je viens poster mon petit travail
Fuck les billets de train trop chers, je me lance dans le covoiturage !
Pari tenu. Deux jours plus tard, j’étais inscrite dans un trajet pour rentrer chez moi le temps d’un week-end qui serait tout sauf reposant. Mais au pire, je m’en foutais.
Mes amies avaient beaucoup d’aprioris.
« Camille, si tu tombes sur un violeur psychopathe pervers tu ne pourras t’en vouloir qu’à toi. »
Et bien je ne suis tombée sur aucun spécimen complètement taré. Non non non, je suis tombée sur bien pire si on regardait la situation d’un autre point de vue.
Psychopathe de l’heure, j’étais arrivée au point de rendez-vous quinze minutes en avance. Il faisait froid, je crevais de chaud à cause du métro qui était blindé. Je me mis donc à marcher en t-shirt dans les allées du marché de Noël de Lyon. Tous les passants étaient emmitouflés dans leur parka. Ils me regardaient comme si j’étais folle. Dix minutes plus tard, je remettais mon manteau. Fallait pas déconner non plus. Je venais de la montagne, j’avais des allures de bûcheronne mais quand même.
Mon covoitureur arriva. Il était extrêmement poli, faisait des courbettes dans tous les sens et m’ouvrit même la porte du véhicule. C’était aussi gênant qu’adorable.
Je ne relevai pas et me contentai d’être la plus polie possible.
Il démarra et le voyage commença.
Nous parlâmes un peu, donnant quelques renseignements sur nos vies respectives. Après tout, nous allions passer plus d’une heure côte à côte, enfermés dans le même habitacle. Il fallait bien qu’il y ait un petit bruit de fond.
La voiture tremblait. Elle avait de l’âge et ça se voyait. Mais ça ne posait aucun problème du moment qu’elle roulait.
La sortie de Lyon fut plus rapide que je ne le pensais. Tant mieux, je n’avais pas envie de m’éterniser dans le tunnel sous Fourvière. Non pas que je sois claustro, je n’avais juste pas envie de courir vers une sortie de secours si jamais un feu se déclarait. J’ai toujours eu des peurs complètement connes, et alors ?
Le péage était droit devant nous. Il marquait le début de mes frayeurs en chaîne.
Le nez de la voiture s’arrêta juste devant la barre de péage, de sorte que le conducteur ne puisse pas tendre le bras pour chopper son ticket et démarrer en trombe. Je me dis que c’était involontaire de la part de celui qui avait accepté que je monte avec lui.
Il descendit, prit son ticket et remonta.
La barre se leva.
Il démarra… et cala… deux fois.
Ça me faisait doucement sourire qu’il essaye de démarrer en deuxième sur un plat aussi bombé que ma poitrine.
Bref.
De grandes côtes nous attendaient. Je ne pensais pas qu’elles auraient raison de notre vitesse. Plus on montait, plus le véhicule peinait. Notre vitesse venait de passer de 130 à 60. Oui, autant.
Je flippais.
Il se rabattit dans la voie pour véhicules lents après avoir difficilement dépassé un camion.
Je devais bien avouer que je n’en menais pas large. Intérieurement, je lui hurlais de tenir le volant, de rétrograder pour reprendre de la vitesse avec le pied au plancher. Pourquoi tenir le volant ? Parce que vu le nombre de fois où on est passé sur la file d’à côté sans le vouloir, je n’avais pas envie de me prendre une barrière ni une voiture.
J’affichais un sourire confiant qui ne tenait que grâce à ma « bonne volonté ».
Je flippais.
Pourtant, il était adorable.
Je me retenais de me tenir à la barre antifrousse quand il freinait en pleine côte plutôt que de dépasser. J’aurais pu la lui arracher quand je l’ai vu prendre un bras de lien entre deux autoroutes à 50 km/h en cinquième. La voiture tremblait. Il a fini par passer la quatrième juste avant qu’on ne cale.
Mes amies avaient raison, le covoiturage c’est dangereux.
Le trajet me semblait s’éterniser. Jusqu’à ce que le nouveau péage apparaisse.
Il refit le même arrêt. Il ressortit du véhicule pour payer. Non, ce n’était pas une erreur, c’était sa façon de passer les péages. Mon moniteur d’autoécole se serait arraché les cheveux qu’il n’a plus s’il avait été à ma place.
Il me déposa à la gare routière où mes amis devaient venir me récupérer juste après.
Je le remerciai, bien heureuse d’être toujours en vie.
Quand je vis mes amis s’avancer vers moi, je me jetai dans les bras de la conductrice :
- Plus jamais je ne dirais que tu ne sais pas conduire ! Tu es une déesse de la bagnole Louise !!
Les autres me dévisagèrent comme si j’étais sortie de l’asile.
- Tu vois que tu es tombée sur un psychopathe. Manque plus que le violeur et le pervers, se moqua Louise.